Fabrique d’un monstre : quand l’État se dédouane en jouant les vierges effarouchées
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I. Prologue – Le choc utile
Nogent. Une surveillante poignardée. Un élève placé en garde à vue. La sidération, immédiate, sert de paravent : elle donne à l’État une posture de dignité outragée, à la société celle de la victime surprise. Mais cette surprise est-elle sincère ?
La vraie question n’est pas ce qui s’est passé. La vraie question, c’est : qu’est-ce qui a été ignoré pour qu’on en arrive là ?
Comme toujours, ce n’est pas la violence qui scandalise. C’est le miroir qu’elle tend. Car ce jeune, bien avant de frapper, a été brisé. Et personne ne s’en est inquiété.
II. Le coupable parfait : jeune, marginal, silencieux
C’est le profil idéal pour une société qui cherche à se dédouaner.
Il est jeune : donc impulsif, incontrôlable, potentiellement influençable. Une proie facile pour les clichés médiatiques. Il est marginal : exclu du jeu scolaire ou social depuis longtemps. On l’a déjà étiqueté, relégué, diagnostiqué parfois. Il n’a plus d’avocat naturel. Il est silencieux : ou plutôt, on l’a rendu silencieux. Par l’indifférence, par le mépris, par les humiliations répétées. Sa parole ne compte plus.
C’est ainsi que l’on fabrique un monstre. Pas par accident. Par abandon. Et quand le monstre surgit, tout le monde fait mine de ne pas comprendre.
III. Les excuses prêtes à l’emploi
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir fleurir les habituelles échappatoires :
Les jeux vidéo violents,
Les réseaux sociaux,
Une possible radicalisation,
Des parents dépassés,
Des troubles mentaux mal pris en charge…
On ressort le grand bingo de l’époque. Chacun y met sa case favorite, celle qui l’arrange.
Mais ces causes commodes n’expliquent rien. Elles déplacent le problème. Elles protègent l’essentiel : la responsabilité des adultes. Celle de l’institution scolaire. Celle de l’État.
Pendant qu’ils parlent d’écrans, ils évitent de parler de leurs silences. Pas de quoi s’étonner : c’est leur spécialité.
IV. Le système éducatif : sanctuaire de l’hypocrisie ordinaire
Tout commence ici. Dans une école qui tolère le harcèlement mais punit ceux qui en parlent. Dans un établissement qui préfère préserver sa réputation que protéger ses élèves.
Le fameux "pas de vagues" est plus qu’un mot d’ordre : c’est une doctrine. On minimise. On temporise. On étouffe.
Et que se passe-t-il pour ceux qui subissent ? Ils apprennent à se taire. À encaisser. À se blinder. Jusqu’au jour où ils ne peuvent plus.
Ce jeune a-t-il été protégé ? A-t-il été entendu ? A-t-il été cru ? Ou l’a-t-on laissé porter seul le poids de l’injustice ?
Ils veulent des élèves dociles, pas des adolescents blessés qui parlent. Alors ils les font taire, jusqu’à ce qu’ils explosent.
V. Le recyclage du drame
Quand le sang coule, l’émotion reprend la main. Et avec elle, le grand théâtre du déni organisé :
L’hommage national,
La minute de silence,
Les plateaux télé avec des "experts" en indignation recyclée,
Et bien sûr : les mesures d’urgence. Sécurité renforcée. Surveillance accrue. Répression immédiate.
On soigne les apparences. On joue les vierges effarouchées. Et surtout, on évite soigneusement la seule vraie question : qu’a-t-on manqué ?
L’émotion fait diversion. Pendant qu’on pleure, personne ne pense à accuser.
VI. Ce que ça dit de nous
Ce fait divers n’est pas une exception. Il est un révélateur. Une alerte rouge qu’on tente de repeindre en bleu-blanc-rouge.
Il dit tout de notre époque :
Notre lâcheté face aux responsabilités,
Notre addiction à l’émotion médiatique,
Notre mépris des signaux faibles,
Et notre capacité à fabriquer du chaos en prétendant vouloir l’ordre.
Ce n’est pas ce jeune qui est fou. C’est notre manière de ne pas écouter, de ne pas soigner, de ne pas prévenir. C’est notre culture du silence et de l’humiliation.
Le drame de Nogent est le produit d’un système. Et un système, ça se démonte. Ou ça explose.
VII. Conclusion – Duchesse entre en scène
« Vous l’avez dressé comme un chien. Enchaîné, humilié, affamé.
Il a mordu.
Maintenant, vous appelez ça de la sauvagerie ?
Non.
C’est votre propre éducation. »
— Duchesse
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