La dette : la nouvelle obsession des enfants gâtés de la République
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Note liminaire de Duchesse
« La République, vieille maman dépassée, a tout donné à ses enfants gâtés. Ils ont chanté à crédit, vidé les placards, creusé la dette. Et maintenant, les voilà qui crient famine. Ils apprennent à leur dépend que les caprices coûtent cher. »
Analyse de Christine
Chapo
On s’étonne aujourd’hui de la facture, alors qu’on vit à crédit depuis quarante ans. On a confondu mérite et avance sur recettes, confort et prospérité. Maintenant que la caisse publique est vide et que les taux rappellent que l’argent a un prix, la question ne devrait plus être « Qui est coupable ? », mais « Comment on repart ? » — sans endettement massif et avec une population peu encline aux sacrifices.
I. Diagnostic sans maquillage
Le piège moral : on a présenté le crédit comme vertu individuelle (« j’ai travaillé pour ça ») et l’endettement public comme « amortisseur » permanent. Résultat : une société qui a profité des avances d’hier et rechigne aux efforts d’aujourd’hui, pour reléguer la charge à demain.
Le piège politique : la dépense facile a masqué l’absence de choix. Plutôt que de trier entre le nécessaire, l’utile et le superflu, on a tout gardé. À l’arrivée, on paie cher ce qui ne rapporte pas.
Le piège culturel : nous voyons mieux les problèmes que les solutions. Nous avons oublié une loi simple : ce qui améliore la productivité et la confiance, relance sans dettes nouvelles.
II. Contraintes — et marges de manœuvre
Contraintes : moins de capacité d’emprunt, des règles européennes redevenues actives, un consentement à l’effort bas.
Marges : un haut niveau d’épargne des ménages, une base industrielle à réarmer (énergie décarbonée à prix prévisible), un savoir-faire d’ingénierie, un patrimoine territorial et touristique unique. Bref : le pays n’est pas fauché — il est mal organisé.
III. Relancer sans dette : 6 leviers concrets
Couper pour investir (même enveloppe, meilleur usage) : geler les dépenses sans effet mesurable sur la productivité, l’export ou l’emploi durable ; réallouer vers l’école primaire, l’apprentissage, la santé de base, la justice commerciale, les infrastructures locales à fort retour.
Flécher l’épargne vers le productif : que l’épargne française finance nos usines, nos logiciels, nos brevets, plutôt que des rentes immobilières.
Choc des délais de paiement et des permis : État et grandes entités paient leurs fournisseurs à 10 jours ; permis en 90 jours : silence vaut accord.
Logement et mobilité : plus de logements vaut mobilité professionnelle et salaires réels qui respirent.
Compétences et travail : supprimer les trappes à inactivité, accélérer la VAE et valoriser les reconversions. Orientation post-bac vers les filières en tension, ou d’avenir, qui recrutent à cinq ans.
Énergie et prévisibilité : Donner aux industriels une visibilité durable sur le prix de l’électricité.
IV. Le deal civique (franc et net)
Transparence : euro par euro, projet par projet, sous les yeux des citoyens.
Équité : aides conditionnées à la performance réelle. Pas de résultats, pas d’argent.
Stabilité : trois ans sans changer la règle, c’est déjà un plan de relance.
V. Ce qu’on peut attendre — vite
Du souffle pour les PME (trésorerie, délais, commandes), donc des embauches.
Un redémarrage de l’investissement productif porté par l’épargne privée.
Une productivité qui remonte, donc des salaires réels mieux protégés — sans impôts supplémentaires.
Encadré – Trois exemples concrets : Communes et taxe d’habitation, que faire sans ?
Investir pour encaisser : développer un parc locatif communal (logements sociaux et intermédiaires) et gérer directement parkings ou locaux commerciaux. Ce patrimoine génère des loyers réguliers qui stabilisent les finances.
Exploiter l’existant : transformer les bâtiments publics vides (anciennes écoles, casernes, mairies annexes) en logements, bureaux partagés ou ateliers d’artisans. Chaque mètre carré doit redevenir productif.
Diversifier les recettes : lancer des régies municipales (eau, chauffage urbain, cantines) qui équilibrent les comptes tout en assurant un service abordable ; développer les énergies renouvelables locales (panneaux solaires sur toits communaux, micro-centrales hydrauliques ou éoliennes citoyennes).
Valoriser le foncier : mettre à bail des terrains communaux pour maraîchage, artisanat ou projets énergétiques. Les loyers constituent des revenus stables et visibles.
Dynamiser l’économie locale : inciter l’installation d’entreprises par des baux attractifs, créer des marchés permanents ou des halles modernisées qui génèrent à la fois activité et loyers.
Arrêter les rentes mortes : limiter les investissements « vitrine » (salles vides, monuments coûteux sans usage) et privilégier les projets générateurs de flux financiers et d’utilité publique.
👉 Exemple : la ville de Grenoble a développé une régie municipale de l’électricité et exploite son patrimoine hydraulique local pour générer des recettes stables. Preuve qu’une commune peut transformer un actif existant en ressource durable.
👉 Autre exemple : Mouans‑Sartoux (Alpes‑Maritimes) a investi dans une régie agricole municipale pour fournir les cantines scolaires en bio local. Résultat : des coûts maîtrisés, des recettes agricoles et un modèle qui renforce l’autonomie de la commune.
👉 Troisième exemple : Montreuil (Seine-Saint-Denis) a racheté et rénové plusieurs immeubles pour les mettre en location sociale ou associative, transformant ainsi un coût potentiel en ressource et en outil de mixité urbaine.
Bref, une mairie peut pleurer sur la taxe d’habitation… ou se comporter comme un investisseur avisé qui construit un patrimoine durable pour sa population.
Conclusion de Duchesse
« On coupe dans la chirurgie des oreilles décollées pour sans‑papiers, comme si le déficit s'y cachait derrière. Le problème n’est pas dans les oreilles des migrants, mais bien dans la tête des décideurs. Voilà le sérieux budgétaire réduit au grotesque. »
Maxime de Duchesse
« Mourir à crédit, c’est encore vivre pour rien. Organiser, c’est déjà payer. »