Le droit au travail : la soupe et les couverts
đą La boutique officielle de Duchesse : https://lessatiresdeduchesse.tpopsite.com/
đŻïž Note liminaire
On parle souvent du travail comme dâune valeur. Rarement comme dâun droit.
En France, pourtant, le droit au travail figure noir sur blanc dans le Préambule de la Constitution de 1946.
Mais Ă force de promesses creuses, il est devenu ce quâon sert dans les grandes occasions rĂ©publicaines : une soupe tiĂšde, pleine de beaux principes et vide de substance.
Cet article est un constat â lucide, ironique, parfois brutal â sur un pays qui prĂ©fĂšre encadrer la faim plutĂŽt que nourrir les hommes.
Jây parle du travail, mais aussi de la dignitĂ©, de la dĂ©pendance, et de cette hypocrisie tranquille qui transforme la solidaritĂ© en dressage.
Et parfois, Duchesse sâinvite Ă table. Parce quâelle a son mot Ă dire sur la soupe rĂ©publicaine.
#LesMaximesDeDuchesse đŸ
« On oublie dâapprendre aux citoyens Ă pĂȘcher plutĂŽt quâĂ donner du poisson. Ainsi nĂ© lâassistanat programmĂ©, qui tient les hommes par le ventre. »
â Duchesse, griffes affĂ»tĂ©es dans une patte de velours.
Qui nâaime pas la bouillabaisse servie froide.
đČ I. Le droit au travail : une promesse servie froide
Le droit au travail, dit la République, est un pilier de justice.
Un idĂ©al social, hĂ©ritĂ© dâune Ă©poque oĂč lâon croyait encore que lâĂtat pouvait tenir parole.
Mais depuis, les tables ont tournĂ©. Le texte est restĂ© dans les livres, pendant que la rĂ©alitĂ©, elle, sâest installĂ©e sur le trottoir.
âChacun a le devoir de travailler et le droit dâobtenir un emploi.â
Belle formule.
Mais dans la pratique, câest un droit sans crĂ©ance, une promesse sans garant.
Un peu comme ces repas de gala oĂč le peuple reste dehors Ă Ă©couter la vaisselle tinter.
LâĂtat se fĂ©licite dâavoir posĂ© les principes, puis sâen lave les mains : il ne garantit rien, il âfavorise lâaccĂšsâ.
Câest la litote bureaucratique de la faim.
Le droit au travail, en France, nâest pas un droit : câest un slogan dâĂ©quilibre.
Un ruban tricolore posé sur la misÚre, une médaille du mérite pour ceux qui ont su se taire.
Et quand on rappelle la promesse, on nous rĂ©pond en bon pĂšre de famille : âOui, mais lâĂ©conomie ne le permet pas.â
Alors que câest justement lâĂ©conomie quâil fallait mettre au service du droit, pas lâinverse.
Le pays tout entier vit sur ce contresens moral : le travail est devenu un privilĂšge, et lâexclusion une fatalitĂ© Ă gĂ©rer.
Duchesse murmure :
« Ils ont gardé la devise, mais changé la recette.
Liberté, égalité, précarité. »
â Griffes affĂ»tĂ©es dans une patte de velours.
Qui sait quâon ne ressert pas les rebuts Ă table.
#LesMaximesDeDuchesse đŸ
âïž II. Le droit vidĂ© de sa substance
On dit que le droit au travail protĂšge les citoyens.
Mais Ă force dâĂȘtre invoquĂ© sans ĂȘtre appliquĂ©, il ne protĂšge plus rien â il dĂ©core le mensonge.
Il est devenu un paravent commode, une formule incantatoire quâon brandit pour faire taire ceux qui ont faim.
Car en France, le droit nâest pas une rĂ©alitĂ© : câest un simulateur de morale.
On proclame des principes quâon ne finance pas, on Ă©crit des devoirs quâon ne respecte plus.
Les âvaleurs rĂ©publicainesâ tiennent debout grĂące au verbe, pas Ă la volontĂ©.
Et tant quâon parle bien, on peut laisser crever sans rougir.
Dans les discours, tout est droit : droit Ă la dignitĂ©, droit Ă lâemploi, droit au logement.
Mais sur le terrain, tout est conditionné, mesuré, plafonné, contrÎlé.
Le citoyen, autrefois souverain, est devenu allocataire sous surveillance.
On lui accorde un filet de sécurité pour mieux lui rappeler qui tient la corde.
Le mot âsolidaritĂ©â a Ă©tĂ© vidĂ©, rincĂ©, tordu, jusquâĂ ne plus signifier que âsoumission polie Ă la charitĂ© dâĂtatâ.
On vous aide, Ă condition que vous restiez reconnaissants.
On vous nourrit, Ă condition que vous fermiez la bouche.
Le droit au travail nâest plus une promesse : câest une permission.
Et la RĂ©publique, dans sa grande mansuĂ©tude, la distribue Ă la tĂȘte du client.
Duchesse, la queue battante, soupire :
« On appelle ça le droit.
Moi, jâappelle ça un os lancĂ© pour occuper le chien. »
â Griffes affĂ»tĂ©es dans une patte de velours.
#LesMaximesDeDuchesse đŸ
đ¶ III. Les miettes et la morale
On ne prive plus les gens brutalement, on les tient par la faim.
LâĂ©poque a remplacĂ© la matraque par le formulaire, le fouet par la notification.
Lâassistanat nâest plus un secours : câest une laisse.
En France, on ne combat pas la pauvretĂ©, on lâadministre.
On distribue les miettes en exigeant la gratitude.
Le RSA, les aides au logement, le chĂŽmage : autant de perfusions Ă©conomiques quâon prĂ©sente comme des privilĂšges, alors quâelles sont souvent la derniĂšre barriĂšre avant la chute.
On fait croire quâon soutient les faibles, quand on sâassure surtout quâils ne se relĂšvent jamais trop haut.
Le citoyen nâest plus un acteur social : câest un dossier ouvert dans une base de donnĂ©es.
Chaque euro versé devient une suspicion, chaque aide un moyen de contrÎle.
On ne vous accorde pas de quoi vivre : on vous accorde juste de quoi ne pas mourir trop vite.
Et si vous osez vous en plaindre, on vous rappelle Ă lâordre.
âOn ne mord pas la main qui nous nourrit.
Et surtout, on ne crache pas dans la soupe rĂ©publicaine.â
LâĂtat moderne a perfectionnĂ© la dĂ©pendance : il a troquĂ© la terre contre le guichet.
Tu ne produis plus, tu déclares.
Tu ne vis plus, tu justifies.
La pauvreté est devenue un emploi à plein temps, avec des comptes à rendre, des preuves à fournir, et un soupçon permanent à supporter.
Duchesse regarde la scĂšne, sans colĂšre :
« On dit que la République nourrit ses enfants.
Mais certains grandissent Ă la diĂšte, pendant que dâautres sâempiffrent de morale. »
â Griffes affĂ»tĂ©es dans une patte de velours.
#LesMaximesDeDuchesse đŸ
âł IV. Le temps libre des exclus
On dit que lâexclusion isole. Câest faux.
Elle éclaire.
Elle offre ce que les autres nâont plus : du temps.
Et dans une sociĂ©tĂ© oĂč tout sâachĂšte, le temps libre devient une richesse subversive.
Car celui quâon exclut finit par voir ce que les autres, trop occupĂ©s Ă courir, refusent de regarder.
Lâexclu observe les rouages, les contradictions, les mensonges quâon recouvre de jargon.
On voulait le réduire au silence, mais on lui a offert la contemplation.
On lâa cru perdu, il Ă©tait en train de comprendre.
Le pouvoir oublie que la marge nâest pas un dĂ©sert : câest un observatoire.
LĂ oĂč les puissants se rassurent par le bruit, les exclus apprennent Ă Ă©couter le silence.
LĂ oĂč les intĂ©grĂ©s se contentent de lâillusion, les mis Ă lâĂ©cart apprennent Ă distinguer le rĂ©el du dĂ©cor.
Car le temps, quand on nâa plus rien Ă perdre, devient une arme dâune prĂ©cision redoutable.
Ceux qui nâont plus de place finissent par tracer leur propre table, avec des outils invisibles : la luciditĂ©, la patience, la mĂ©moire.
Ce que le systĂšme nâa pas compris, câest quâĂ force dâĂ©carter, il crĂ©e ses propres tĂ©moins.
Et quâun tĂ©moin lucide, seul, vaut plus que mille serviteurs pressĂ©s.
Duchesse sâĂ©tire, le regard tranquille :
« Lâexclusion mâa donnĂ© du temps libre.
Ce temps, je ne lâai pas perdu : je lâai affĂ»tĂ©.
Et ils croient encore tenir la montre...
⊠mais le temps, lui, sâest mis de mon cĂŽtĂ©. »
â Griffes affĂ»tĂ©es dans une patte de velours.
#LesMaximesDeDuchesse đŸ
đČ V. La soupe rĂ©publicaine
La République prétend servir la soupe à tous.
Câest Ă©crit sur les frontons, rĂ©pĂ©tĂ© dans les discours, gravĂ© dans les tĂȘtes.
Mais dans la grande cantine nationale, certains mangent Ă leur faim, dâautres attendent quâon daigne leur tendre une cuillĂšre.
On parle dâĂ©galitĂ© pendant que les tables se vident dâun cĂŽtĂ© et dĂ©bordent de lâautre.
On vante la fraternité, mais on distribue la soupe avec un compte-gouttes moral.
Et ceux qui sâavisent de dire quâils ont faim passent pour ingrats â ou dangereux.
Le droit au travail, câĂ©tait la promesse dâun repas pour tous.
Mais Ă force dâavoir laissĂ© le pouvoir choisir les convives, il ne reste plus quâune salle divisĂ©e :
Ă gauche, les convives repus ; Ă droite, ceux qui regardent, assiettes vides, mains propres.
Lâironie, câest que ceux quâon affame ont fini par comprendre la recette.
Et ils savent dĂ©sormais que le jour oĂč la soupe tournera, les mĂȘmes qui rient aujourdâhui feront semblant dâavoir perdu lâappĂ©tit.
Duchesse, sereine, observe :
« La République prétend servir la soupe à tous.
Elle oublie juste que certains nâont plus dâassiette â
et quâon leur a retirĂ© la cuillĂšre.
Pour ĂȘtre sĂ»r. »
â Griffes affĂ»tĂ©es dans une patte de velours.
La faire chier, câest lâinspirer.
#LesMaximesDeDuchesse đŸ
đŻïž Note finale
Une France qui inscrit le droit au travail dans sa Constitution, mais qui en pratique sert des couverts en papier Ă ceux quâelle a dĂ©jĂ affamĂ©s.
âChacun a le devoir de travailler et le droit dâobtenir un emploi.â
Encore faudrait-il quâil reste une table, et une soupe Ă partager.
Il y a des droits quâon proclame pour mieux Ă©viter de les appliquer.
Des mots quâon rĂ©pĂšte pour se rassurer, comme des priĂšres quâon ne croit plus.
Le droit au travail en fait partie : il a cessĂ© dâĂȘtre une promesse pour devenir une excuse.
Mais tout nâest pas perdu.
Dans le silence des exclus, quelque chose sâorganise : une mĂ©moire, une force, une conscience.
Câest peut-ĂȘtre lĂ que renaĂźtra un jour le vrai droit â celui quâon nâinscrit pas dans une Constitution, mais dans la dignitĂ© retrouvĂ©e des hommes.
Et si un jour la soupe revient sur la table, gageons que ceux qui ont eu faim sauront enfin en doser le sel.
đą Abonne-toi pour me suivre, câest gratuit :
đ Instagram đ Twitter (X) đ Youtube đ Tous les articles
đą Parce que je ne vis ni de croquettes ni dâeau fraĂźche
đą La boutique officielle de Duchesse


