Ménard, l’OQTF et la comédie politique ou quand l’arbre cache la forêt
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Une polémique bien huilée
Pendant que le plateau TV brûle et que les marionnettes s’agitent, le spectacle continue. Saint Motel aurait presque pu composer la bande-son de cette comédie politique intitulée « Ménard ». Le clip Move du groupe Saint Motel introduit parfaitement cette machinerie politico-médiatique. Faut que ça mousse !
Mais derrière les flammes, qui regarde encore l’OQTF ?
Bienvenue dans le dernier épisode du grand feuilleton, où le plateau TV s’embrase à grands renforts de polémiques calibrées pour capter l’audience. Au centre de l’arène : Robert Ménard, maire de Béziers, accusé d’avoir refusé de marier un jeune homme sous OQTF.
Mais pendant que l’on s’écharpe sur Ménard, personne ne s’interroge sur l’élément le plus absurde de cette affaire : pourquoi un jeune homme vivant en France depuis 7 ans se retrouve-t-il sous le coup d’une expulsion pour un simple recel de vélo ?
Le scénario est bien rodé : on monte une polémique visible pour masquer un problème invisible. La machine médiatique s’emballe, alimentée par des indignations sur mesure, pendant que l’absurdité administrative et la politique des OQTF passent à l’arrière-plan.
Au final, le débat est totalement biaisé : on parle de Ménard, le faux coupable, et non de l’OQTF, le vrai problème.
Ménard, cible facile d’une diversion parfaite
Dans le grand cirque médiatique, il faut toujours une tête d’affiche. Quelqu’un de clivant, immédiatement reconnaissable, qui déclenche des réactions instantanées. Robert Ménard coche toutes les cases : maire sulfureux, ex-journaliste engagé, figure de la droite identitaire… Il est le parfait épouvantail à agiter pour enflammer le débat public.
Et ça fonctionne à merveille. À peine l’affaire éclate que l’on ne parle plus que de son refus de célébrer le mariage, de sa possible condamnation, des principes républicains bafoués. Les plateaux TV s’emballent, les débats s’hystérisent, et les clivages se dessinent : d’un côté, ceux qui dénoncent un maire hors-la-loi, de l’autre, ceux qui applaudissent son "courage" face à l’immigration. Mais au fond, ce débat est un leurre.
Car si Ménard a peut-être outrepassé son rôle, il n’est pas le vrai sujet de cette affaire.
Ce qui devrait poser question, c’est l’OQTF infligée à ce jeune homme pour un simple recel de vélo. Une expulsion prononcée sans condamnation judiciaire, sur la base d’un dossier bancal, alors que le jeune est en France depuis ses 16 ans. Une application absurde des règles administratives, qui mériterait un vrai débat… mais qui n’aura jamais lieu.
Pourquoi ? Parce qu’il est bien plus simple et rentable de polémiquer sur Ménard que de questionner les décisions préfectorales. Plutôt que de se demander comment une expulsion aussi fragile a été décidée, on préfère s’en prendre à un maire populiste. C’est pratique, c’est clivant, et surtout ça évite de regarder ailleurs.
Finalement, Ménard est l’arbre qui cache la forêt. On le met en scène comme coupable, pendant que le vrai problème disparaît du débat public :
Les OQTF à géométrie variable et une administration opaque.
Un débat stérile taillé sur mesure
La polémique Ménard suit un schéma bien rodé. Dès qu’une affaire éclate, il faut des camps bien distincts, prêts à s’écharper sur un sujet détourné du vrai problème. Ici, le clivage s’est formé en un temps record :
Les pro-Ménard : “Il a raison de refuser un mariage avec un clandestin ! Un maire n’a pas à valider une union quand l’un des conjoints est sous OQTF.”
Les anti-Ménard : “Il bafoue les droits fondamentaux ! L’état de droit impose qu’un maire ne puisse pas refuser un mariage sur ce seul motif.”
Et ainsi, les débats enflammés envahissent les plateaux TV, les réseaux sociaux et les éditos. Pendant que tout le monde s’insulte et s’indigne, l’élément clé de l’affaire passe sous silence : cette OQTF, absurde dans ses fondements, reste hors du champ des discussions.
L’État joue sur du velours
En détournant le débat vers Ménard, l’État s’en sort à merveille.
Il applique des OQTF absurdes, sans qu’on les remette en question. Expulser un jeune homme arrivé en France à 16 ans pour un simple recel de vélo, c’est discutable. D’autant plus qu’il n’a jamais été condamné. Normalement, ce genre de situation entraîne plutôt une régularisation qu’une expulsion. Mais tout ça, personne n’en parle.
Il laisse Ménard absorber toute la controverse. Pendant que les médias se focalisent sur le procès du maire, pendant que les éditorialistes s’indignent ou applaudissent, personne ne pose la question centrale :
Comment une expulsion aussi fragile a-t-elle pu être validée ?
En somme, c’est un coup de maître pour l’État. Il applique une politique répressive discrètement, tout en laissant les citoyens s’écharper sur un faux débat. Un écran de fumée parfait, où le vrai sujet disparaît derrière une polémique taillée pour diviser.
Les médias et le business de la polémique
S’il y a bien un secteur qui profite à fond de ce genre d’affaires, c’est l’industrie médiatique. Une polémique bien emballée, des positions tranchées, un maire clivant en figure centrale : tout est réuni pour faire exploser l’audience, quitte à cramer le vrai sujet au passage.
Les ingrédients du buzz sont là : un personnage controversé qui attire les projecteurs (Ménard), un sujet sensible qui divise immédiatement (immigration, mariage, discrimination), une narration simplifiée qui évite de poser les questions complexes (ici, l’absurdité de l’OQTF).
Sur les plateaux TV, le scénario est bien rodé :
Premier temps : les chroniqueurs débattent à chaud, scandalisés ou ravis.
Deuxième temps : on enchaîne les émissions spéciales, avec les « experts » habituels.
Troisième temps : on sort les sondages à la chaîne pour mesurer « l’opinion publique ».
Pendant ce temps, les vraies questions sont mises sous le tapis. On regarde le feu mais pas ce qu’il dissimule.
Un écran de fumée parfait
Pourquoi les médias s’acharnent-ils sur le non-mariage au lieu de parler de l’expulsion suspecte ? Parce que c’est plus vendeur, plus simple, plus spectaculaire.
Dénoncer une OQTF bancale ? C’est technique, il faudrait analyser les critères d’expulsion, remettre en cause la politique préfectorale. Trop complexe.
Débattre sur Ménard ? Facile, ça fait crier dans les micros et bondir les audiences.
L’affaire est donc réduite à une opposition manichéenne :
Ménard, héros ou criminel ?
Un maire au-dessus des lois ou un défenseur de l’ordre ?
Tout est fait pour qu’on oublie la question de fond : une expulsion légitime ou une décision absurde ?
Un schéma médiatique déjà vu
Ce n’est pas la première fois qu’une polémique sert de paravent à des décisions administratives discutables. L’affaire Ménard est un cas d’école :
Un personnage clivant absorbe toute l’attention.
Un vrai sujet sensible est volontairement laissé en arrière-plan.
L’État et l’administration poursuivent leur politique sans débat public.
Et dans quelques jours ? Une nouvelle polémique prendra le relais, effaçant celle-ci comme une émission de télé-réalité.
Le feuilleton continue
Rideau. L’affaire Ménard aura fait son office : des débats enflammés, des indignations bien calibrées, des prises de position prévisibles. Chacun est reparti avec son opinion confortée, sans avoir pris la peine de creuser plus loin. Mission accomplie pour ceux qui tirent les ficelles.
Pendant ce temps, l’OQTF a été oubliée. Plus personne ne s’intéresse à ce jeune homme expulsé pour un recel de vélo, à la mécanique préfectorale qui a permis cette décision, ni aux incohérences de la politique migratoire. Le vrai sujet a disparu dans les cendres du plateau TV en feu.
Ce feu, justement, n’est pas un incendie qui éclaire, mais un brasier qui aveugle. Il brûle ce qui dérange, détourne les regards, consomme l’attention du public dans un grand spectacle où la fumée est plus épaisse que les faits.
À la fin, il ne reste que des braises : un énième sujet médiatique carbonisé, prêt à être remplacé par le prochain.
Et demain ? Un autre scandale, une autre diversion.
Peut-être un ministre rattrapé par une affaire, un sportif pris dans une polémique, une nouvelle controverse sur l'immigration. Le script est déjà écrit, et l’opinion publique suivra comme toujours le fil qu’on lui tend.
Alors, qui pose encore les vraies questions ? Qui ose encore déranger ?
Qui s’intéresse à ce qui se joue en coulisses, pendant que l’on s’agite sur scène ?
Personne. Et c’est bien pour ça que le spectacle continue. Et le pire ? C’est que vous êtes en retard, la prochaine saison a déjà commencé.
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