Propriété morale à la française : comment faire le tri du bon grain de l'ivraie
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✍️ Note liminaire de l’autrice
Cet article ne part pas d’un manifeste ni d’un programme. Il part d’une scène réelle, banale, presque silencieuse. Une femme, seins nus dans la mer, observée à distance, commentée dans son dos, soupçonnée sans preuve.
Ce texte est une réponse à ces regards.
Aux petites polices de mœurs.
À la morale collective qui voudrait confisquer les corps et imposer les rôles.
En France, on ne brûle plus les sorcières. On les expose à la honte, à la rumeur, à la salissure sociale. Ce qu’on appelle ici « propriété morale » n’est pas un droit, mais une arme.
Une manière d’écarter, de classer, d’étiqueter celles et ceux qui n’entrent pas dans les cases.
Ce texte est un refus. Une mise à nu du dispositif. Une reprise de terrain.
I. Scène ordinaire d'un scandale fabriqué
Une femme nage seins nus, seule, à la plage, dans une zone non surveillée de baignade. Il fait chaud, l'eau est bonne, la liberté semble à portée de main. Elle ne fait pourtant de mal à personne. Elle nage, tout simplement.
Mais dans son dos, un homme, une connaissance, peut-être même un voisin, l’aperçoit. Et ce simple fait devient événement. Il ne s’adresse pas à elle, bien sûr. Il préfère relater la scène ailleurs, en faire un sujet de conversation, une anecdote à charge.
Le scandale n’est pas dans le sein. Le scandale est dans le regard qui prétend dominer le corps. C'est dans cette mise en récit orientée, dans cette volonté de salissure symbolique qu'il faut lire la véritable intention : ramener à l'ordre moral ce qui leur échappe.
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« Seins nus n’est pas invitation.
Mais pour certains, tout ce qu’ils ne possèdent pas devient une offense. »
— Duchesse
II. La loi dit oui. La morale dit non.
Dans la réglementation française, la baignade seins nus n'est pas un délit. Rien, dans le Code pénal, n'interdit à une femme d'être torse nu à la plage, comme un homme, y compris dans une zone surveillée, sauf si un arrêté municipal l'interdit spécifiquement. Or, à Toulon comme ailleurs, aucun panneau n'en fait mention. Il n'y a donc aucune base légale pour interdire cette pratique.
Ce que la loi réprime en revanche, c’est le voyeurisme (article 226-1 et suivants), la captation et diffusion d’images sans consentement, ainsi que le harcèlement moral ou sexuel, même s’il est verbal ou insinué.
Mais dans les faits, ce n’est pas la légalité qui fait foi, c’est la norme sociale, molle mais pesante. C’est cette morale implicite, celle des bons voisins, des passants, de la communauté bien pensante. Elle ne porte pas de robe noire, mais elle juge. Elle ne verbalise pas, mais elle condamne.
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« Il n’y a jamais de plainte.
Juste des petits roquets qui jappent derrière les grilles. »
— Duchesse
III. La propriété morale : nouvelle religion laïque
En droit d’auteur, la propriété morale désigne le lien indéfectible entre l’auteur et son œuvre. Ce lien est inaliénable, imprescriptible. Il protège l’intégrité de la création.
Dans le réel, la propriété morale est devenue tout autre chose : un droit présumé du corps social sur les individus. Une façon de juger, sans procès. Une façon d’assigner une femme à sa place selon qu’elle se montre, se tait, ou ose exister sans permission.
La France protège la pensée, mais s'arroge le droit de surveiller la chair. Elle encense la Liberté en statue, mais déteste la voir marcher seule.
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« Ce pays n’a pas de morale.
Il a juste le réflexe d’en imposer une aux autres. »
— Duchesse
IV. Salissure stratégique : le harcèlement sans preuve
Tout est là : il ne s'agit pas d'accuser formellement, car cela demanderait du courage, des preuves, de la cohérence. Il suffit d'émettre le soupçon. De suggérer l'inconvenance. D'évoquer le scandale possible.
Les réseaux sociaux, les messageries, les conversations de voisinage deviennent des relais de cette mécanique insidieuse. Les images volées, les anecdotes déformées, les commentaires à double fond font système. C’est le harcèlement par strate sociale, sans auteur identifiable, mais avec des effets très réels.
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« Le seul but, c’est salir.
Mais je suis imperméable. »
— Duchesse
V. Le tribunal invisible et la France des lâches
Pourquoi ne portent-ils pas plainte ? Parce qu’il faudrait se montrer. Il faudrait dire, noir sur blanc, ce qu’ils reprochent. Et ce qu’ils reprochent vraiment, c’est une liberté qu’ils ne comprennent pas. Ce n’est pas un acte, c’est une présence.
Alors ils se rétractent, laissent planer le soupçon, nourrissent la méfiance. Et dans cette France-là, quand il faut témoigner, il n’y a plus personne. Le citoyen moraliste se dissout dans la foule.
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« Quand vous êtes sous les projecteurs sans l’avoir choisi,
lever le petit doigt devient un délit.
Et quand il faut témoigner…
La République s’évapore. »
— Duchesse
VI. Conclusion : la liberté en chair et en os
Ce n’est pas la nudité qui les dérange. C’est qu’elle ne s’adresse à personne. Qu’elle ne sollicite ni validation ni regard.
Ce n’est pas une question de pudeur. C’est une question de territoire. Et ce territoire-là, ils le veulent sous leur coupe. Le corps qui échappe, c’est l’insoumission incarnée.
La propriété morale à la française, c’est cela : un instrument de tri, un réflexe de caste, un système de défense contre l'émancipation.
#LesMaximesDeDuchesse 🐾
« Ils veulent une Liberté sculptée en pierre.
Pas une femme vivante qui la pratique. »
— Duchesse
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