Radicalisation 2.0 ou comment la manipulation algorithmique fabrique l’extrémisme moderne
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Une radicalisation silencieuse et invisible
La radicalisation ne se fait plus uniquement dans l’ombre des mosquées clandestines ou par des recruteurs isolés. Aujourd’hui, ce sont les algorithmes qui tiennent le rôle des prêcheurs numériques, construisant un engrenage invisible dans lequel les esprits les plus vulnérables s’engouffrent sans même s’en rendre compte.
Depuis quelques années, un phénomène inquiétant s’observe : l’augmentation des attentats isolés, notamment à l’arme blanche, souvent perpétrés par des individus sans lien direct avec des organisations terroristes structurées. Contrairement aux attaques planifiées, ces actes semblent le résultat d’une radicalisation accélérée, poussée par la logique algorithmique qui enferme progressivement un individu dans une bulle idéologique extrême.
Jadis, la radicalisation passait par un endoctrinement progressif, un contact humain, une transmission d'idéologie structurée. Aujourd’hui, l’algorithme agit sans même avoir conscience de ce qu’il produit, suggérant des contenus de plus en plus polarisés, enfermant les individus dans des spirales de haine et de violence.
Le parcours algorithmique typique d’un radicalisé
La radicalisation suit un schéma précis, un engrenage dont l’utilisateur ne perçoit pas immédiatement les rouages. Tout commence par une curiosité ou une frustration qui pousse à consulter un contenu spécifique.
Phase 1 : L’entrée dans l’engrenage
Un utilisateur recherche une vidéo ou un post traitant d’un sujet polémique : violence policière, conflit géopolitique, critique d’un système perçu comme oppressif. L’algorithme identifie cet intérêt.
Phase 2 : L’isolement progressif
Les recommandations évoluent vers du contenu de plus en plus polarisé. L’utilisateur est exposé à des discours qui nourrissent son ressentiment, légitiment sa colère et lui donnent l’impression de découvrir une “vérité cachée”.
Phase 3 : L’effet de bulle
L’algorithme ne lui propose plus que des contenus radicaux, renforçant ses nouvelles convictions. L’opinion devient certitude, et toute voix opposée est rejetée comme une tentative de manipulation.
Phase 4 : La justification de la violence
La violence devient une réponse logique aux injustices perçues. Les discours extrêmes ne sont plus seulement théoriques, ils deviennent un appel à l’action.
Ainsi, l’algorithme agit comme un accélérateur de radicalisation, enfermant l’individu dans un écosystème où la violence est non seulement justifiée, mais encouragée.
Attentats organisés vs passages à l’acte isolés : un changement de profil
Autrefois, les attentats terroristes étaient des opérations planifiées, impliquant des réseaux organisés et des entraînements clandestins. Aujourd’hui, nous observons une explosion des passages à l’acte isolés, notamment avec des armes facilement accessibles, comme les couteaux ou les véhicules-béliers.
Pourquoi ce changement ?
Parce que le passage à l’acte demande une moindre logistique : Plus besoin d’armes lourdes ou de réseaux, un simple couteau suffit. La radicalisation étant accélérée, là où un endoctrinement classique prenait des mois, voire des années, l’algorithme condense ce processus en quelques semaines. Le passage à l’acte est perçu comme évident : Le radicalisé ne reçoit pas forcément d’ordre direct, mais l’engrenage idéologique le convainc que son action est légitime et nécessaire.
Et comme la radicalisation est accélérée et que le passage à l’acte demande une moindre logistique, le sujet n’a ni le temps de se décourager, ni de se raisonner. Il agit.
Ces nouveaux profils de terroristes ne sont pas toujours des combattants aguerris, mais souvent des individus isolés, psychologiquement instables, que l’algorithme a enfermés dans une vision binaire du monde : eux contre nous.
Un schéma commun à toutes les radicalisations
Ce processus ne concerne pas uniquement l’extrémisme islamiste. Les suprémacistes blancs, les mouvances néonazies, les incels et les complotistes violents suivent exactement le même schéma.
Voici quelques exemples concrets pour illustrer le propos :
Christchurch (2019) : Le terrorisme suprémaciste blanc
Brenton Tarrant, un Australien radicalisé via des forums comme 4chan et des vidéos Youtube ultra-nationalistes, a attaqué deux mosquées en Nouvelle-Zélande, tuant 51 personnes. Son manifeste, largement diffusé en ligne, montre comment un individu peut être enfermé dans un écosystème idéologique jusqu’à percevoir la violence comme une nécessité.
Attaques incels
Certains jeunes isolés, influencés par des communautés misogynes en ligne, en viennent à considérer la violence comme une réponse légitime à leur mal-être. Le tueur de Toronto (2018) et celui de Plymouth (2021) se sont tous deux revendiqués du mouvement incel, après avoir immergés dans des discours prônant la haine des femmes et du féminisme.
QAnon et le Capitole (2021) : Une radicalisation collective
L’idéologie conspirationniste QAnon, amplifiée par Facebook, Youtube et Telegram, a poussé des milliers de personnes à croire en une cabale secrète contre Donald Trump. Cet endoctrinement collectif a culminé avec l’assaut du Capitole, où des citoyens lambda ont soudainement basculé dans l’action violente, convaincus de défendre une cause juste.
Les algorithmes n’ont pas d’idéologie propre : ils favorisent simplement ce qui génère de l’engagement.
Or, rien ne retient plus l’attention que la colère, la peur et l’extrémisme. C’est ainsi que la radicalisation devient un produit rentable, entretenu par les plateformes qui maximisent l’intéraction à tout prix.
Pourquoi les plateformes laissent-elles faire ?
Les entreprises du numérique savent parfaitement détecter ces dérives. Le problème ? Elles ne les empêchent pas.
Un contenu radical engage plus qu’un contenu modéré. Plus une vidéo choque, plus elle est partagée, et plus elle génère de revenus publicitaires.
Les États n’ont aucun intérêt à perturber ces mécanismes, car ils exploitent les mêmes outils pour le renseignement et la surveillance.
En clair : ils savent, mais ils laissent faire.
Une arme de destruction massive invisible
L’algorithme n’est plus un simple outil, c’est un acteur du processus de radicalisation moderne. Il enferme, il conditionne, il transforme progressivement l’individu jusqu’à ce que la violence devienne une option "logique".
L’engrenage algorithmique est conçu pour capter l’attention, mais dans certains cas, il finit par capturer des esprits entiers.
🔑 Comme dans Run Boy Run de Woodkid, le chemin semble tracé d’avance. L’algorithme pousse, enferme, et crée une course effrénée vers une destinée imposée. Mais à la fin du clip, une clé apparaît…
Une issue existe, mais encore faut-il la voir et la saisir.
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