Séquestration numérique ou la prison 2.0
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Une cage invisible, une surveillance constante, une intimité devenue publique sans consentement. Voilà la réalité d'une séquestration numérique. C'est un spectacle national sordide rappelant une mauvaise émission de télé-réalité où les individus sont traités avec moins d'égards que des animaux de zoo. Il ne reste au candidat que les yeux pour pleurer et une sensation étouffante d'être constamment observé sans jamais pouvoir se défendre.
Privé de ses droits. Bienvenue dans la prison 2.0.
Cet enfermement numérique a ceci de terrifiant qu'il est entièrement arbitraire. Pas de procès, pas de défense, aucune possibilité de contester ou de prouver son innocence.
C'est un procédé injuste et illégal, digne des régimes autoritaires, appliqué silencieusement au cœur même des démocraties modernes.
Une prison sans barreaux
Chacun de mes articles utilise un symbole. Ici, ce sera celui d'une cage de verre et de l'illusion de liberté. Transparente, sans serrure, mais dont on ne s'échappe pas. Tout le monde vous voit, personne ne vous touche. Et ceux qui s'approchent trop deviennent suspects à leur tour et finissent par fuir, tant qu'ils le peuvent.
Il fut un temps où l'on savait à quoi ressemblait une prison : des barreaux, des portes qui claquent, des clés qui tournent. Aujourd'hui, l'enfermement est devenu invisible, diffus, dissous dans le réseau. Il entraîne une dépossession totale de sa vie, une perte de contrôle de soi-même et de ses choix. Il ne s'appelle plus détention, il s'appelle "suivi". Il ne se vit plus dans une cellule, mais dans un logement social, sur une ligne de téléphone ou dans une voiture connectée.
Peu à peu, chaque instant vécu devient public, chaque décision est influencée ou sabotée par des forces "invisibles".
Les objets connectés, qui sont désormais la norme pour tout le monde, deviennent pour certaines instances des outils de ce "suivi", détournés de leur fonction initiale pour espionner et contrôler quelques individus. On ne vit plus, on est vécu.
C'est une séquestration numérique. Une prison sans murs. Un enfermement sans menottes. Une surveillance qui ne dit pas son nom, mais qui en sait plus sur vous que votre propre entourage.
Une loggia sous surveillance et des murs qui murmurent
Ma loggia est un exemple parmi d'autres. Chaque aspect de mon intimité est scruté, de l'extérieur jusqu'à l'intérieur, via mon logement et donc par ma loggia. Mes voisins doivent sûrement prendre plaisir à y regarder pousser les fleurs. Mais dans quel espoir scrutent-ils ainsi ? On se le demande, si ce n'est pour participer à un jeu de désœuvrement institutionnel.
Je le sais. Les regards viennent de l'immeuble d'en face, mais ils ne s'arrêtent pas là. Ils circulent, ils remontent, ils descendent.
Les informations que je n'ai jamais partagées à voix haute se retrouvent dans d'autres bouches, déformées, recyclées.
Mes conversations privées deviennent des matières premières pour les jeux d'ombres de ceux qui m'entourent.
Sachant que je suis écoutée, je me moque ouvertement de ceux qui m'espionnent, consciente que tout le monde entendra. Avant cela, j'avais mis en place des techniques de contre-espionnage pour glaner des informations, parfois même des preuves qui auraient pu me servir si j'avais accès à un quelconque service juridique. Mais là encore, je suis bloquée par des "forces obscures". Pour ne pas sombrer dans la dépression et l'apitoiement qui ne me ressemblent pas, je préfère la colère.
Il y a les voisins en uniforme, les caméras de palier, les employés du bailleur dévoués à une logique de contrôle silencieuse. On m'a logée au sein d'une structure d'État, à la fois logeur, surveillant et filtre social. Ceux qui ont travaillé au sein de ce logeur toute leur vie savent. Ils ont vu. Et ils comprennent aujourd'hui que même les couloirs qu'ils pensaient neutres peuvent servir de relais.
Jusqu'au lit conjugal
On m'écoute jusqu'à l'intime. Ce que je vis avec mon homme la nuit, dans le silence de notre foyer, est capté, digéré, parfois mimé, comme un spectacle dont je ne contrôle ni l'accès ni le public. Le lendemain, ce sont des sourires gras, des regards émoustillés, des allusions voilées. Rien d'assez net pour être dénoncé, tout est trop fin, trop bien dosé pour passer pour de la paranoïa. Mais je vois. Je sais.
Ce voyeurisme organisé dépasse le simple abus. Il s'insinue jusque dans les fragilités humaines, dans les confidences les plus personnelles, dans les jeux intimes d'un couple qui s'aime malgré la pression extérieure. Ce n'est pas seulement une intrusion : c'est une humiliation. Une violence symbolique, exercée là où l'on devrait être le plus protégé.
Et pourtant, ce n'est pas la gêne qui domine. C'est la colère. Une colère froide, lucide. Parce qu'ils ne veulent pas simplement observer :
ils veulent déstabiliser, faire douter, affaiblir.
Même l'humour ou la complicité devient suspecte quand elle est interceptée, analysée, retournée contre vous.
Ce qu'ils veulent, c'est me réduire au silence, me faire taire jusque dans mon corps, jusque dans mon couple. Mais là encore, ils échouent.
Une exclusion bien huilée
Ils ont inventé un dispositif parfait : pas de preuve, pas de plainte, pas de bourreau. Juste une "attention permanente", un quadrillage de l'intime, une extraction continue de données humaines, affectives, sensuelles, pour alimenter leur système. Et tout cela, bien sûr, au nom du bien commun.
Je le vis comme une guerre froide, orchestrée par des militaires en mal de guerre. Une exclusion en plein jour. Un empêchement de vivre librement, de travailler, d'être recrutée, parce que s'approcher de moi, c'est prendre le risque de s'exposer au réseau qui me tient sous verre.
L’exclusion n’est jamais nommée, jamais signifiée. Elle se vit par omission, par silence, par effacement.
On ne vous dit pas “non”, on ne vous dit rien. On ne vous ferme pas les portes, on les rend introuvables.
Ce dispositif est si bien huilé qu’il agit aussi sur les autres : toute personne qui tente de me tendre la main est aussitôt dissuadée, mise sous pression, ou écartée. L’isolement devient systémique. L’hostilité devient diffuse.
Je ne suis pas seulement exclue : je suis entourée de vide. Et c’est ce vide qui agit comme un étau.
Ma transparence, leur faiblesse
La chanson The Sound of War de Susanne Sundfør est une lente montée dramatique, comme un orage silencieux. Une guerre sans armes, mais pas sans victimes.
"I'm not afraid. I know who you are."
Je n'ai rien à cacher. Et c'est bien ce qui les dérange. Ma transparence, ils la fantasment comme une faille. Mais c'est ma force.
Ce sont eux qui se cachent, eux qui suintent la peur d'être démasqués, eux qui ont besoin de se nourrir de moi pour exister un peu plus.
Qu'ils sachent ceci : je suis toujours là. Et je les regarde, moi aussi.
Je ne suis pas une victime. Je suis un rappel. Un rappel que l'on peut survivre à l'enfermement, au déshonneur, au vol de l'intimité. Que l'on peut transformer la cage de verre en tribune.
Mes écrits sont là, ils me précèdent, ils me protègent. Ils ne pourront pas m'éteindre. Pas comme ils l'espèrent.
Leur seule arme, aujourd'hui, c'est le dénigrement. Et même cette arme rouille, car chaque ligne que j'écris les déshabille un peu plus.
Je suis encore debout. Et je parle. Alors qu'eux se terrent, anonymes, dans les recoins d'un pouvoir sans courage. Plus tard, ce ne sera plus dans mon regard, mais dans les yeux de mon enfant qu'ils verront alors le reflet de leur conscience.
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