Cet article fait partie d'une série de trois volets intitulée "Shock to the system".
- Shock to the system : anatomie d'une manipulation qui s'effondre (déjà paru) 
- Shock to the system : le QI caché, enquête sur l'intelligence subconsciente (déjà paru) 
- Shock to the system : quand la quille casse – leçon d’une panne électrique (vous y êtes) 
Dans cette série, je démonte les rouages d'un monde qui croyait manier l'électricité du pouvoir, mais a oublié de construire la moindre mise à la terre.
À travers mon expérience et les failles béantes de nos systèmes modernes, je révèle comment la prétention de contrôle finit toujours par s'écrouler face à l'intelligence libre — celle qu'on ne mesure pas, qu'on ne vole pas, et qu'on ne dompte pas.
Une série chirurgicale, ironique, et implacable, où chaque secousse annonce l’effondrement des illusions.
Introduction
Après Shock to the system : anatomie d’une manipulation qui s’effondre, où nous avons vu comment un système bâti sur l’illusion finit toujours par vaciller sous sa propre vanité, voici une nouvelle secousse.
Cette fois, ce n’est plus un mécanisme psychologique. C’est une structure énergétique, matérielle, physique, qui s’est effondrée sous son propre poids.
Le 28 avril 2025, l’Espagne, le Portugal et une partie du sud de la France ont connu un blackout massif. Pas à cause d’une attaque. Pas à cause d’une catastrophe naturelle. Non. À cause d’une défaillance prévisible, vieille comme la mer : ils ont hissé des voiles magnifiques, mais ont oublié de forger la quille.
L'ironie du sort a tranché net : prévoir n'est rien sans bâtir pour encaisser.
I. L’événement brut : la panne espagnole
À 12h33, la lumière s’est éteinte. En l’espace de cinq secondes, l’Espagne a perdu l’équivalent de 15 gigawatts de production électrique — soit plus de 60 % de sa demande nationale.
Pourquoi ? Parce que les centrales solaires du sud-ouest, notamment en Estrémadure, se sont brutalement déconnectées du réseau.
Un effondrement en série, comme un château de cartes balayé par une bourrasque invisible.
Mais ce n’était que le premier étage de la fusée. Privé soudainement d'une telle masse d’énergie, le réseau — déjà fragile car privé d'inertie suffisante — n'a pas pu encaisser le choc. La fréquence a plongé. Les protections automatiques se sont déclenchées. Et, en un instant, l’Espagne a été coupée du reste de l’Europe pour éviter que l'instabilité ne contamine tout le continent.
Résultat :
- Coupures massives en Espagne, au Portugal, et jusqu'à Perpignan, Narbonne, Montpellier. 
- Réaction en chaîne de déconnexions d'autres centrales pour se protéger. 
- Un réseau à terre, à genoux devant une simple secousse énergétique. 
Et ce n’était ni un acte terroriste, ni une cyberattaque. Juste la conséquence mécanique d'un système bâti sans colonne vertébrale.
II. Le problème structurel : quand on oublie la quille
Pendant des années, l’Espagne a hissé ses voiles. Des hectares de panneaux solaires, des champs entiers d’éoliennes : une transition énergétique affichée avec fierté, vantée comme exemplaire.
À voir de loin, le tableau était flatteur. Un magnifique trois-mâts tout neuf, prêt à affronter les océans modernes.
Mais sous la ligne de flottaison, rien. Pas de quille solide. Pas de contrepoids. Pas d’inertie suffisante pour tenir la mer quand elle se lève.
La quille, dans un réseau électrique, ce sont :
- Les centrales thermiques ou nucléaires qui assurent une stabilité mécanique naturelle. 
- Les dispositifs d’inertie réseau (condensateurs synchrones, volants d’inertie). 
- Le stockage d’énergie capable de réagir instantanément. 
Sans eux, au premier déséquilibre sérieux, le navire tangue et se couche. Et c’est exactement ce qui est arrivé le 28 avril.
Le soleil a vacillé. La mer énergétique s’est creusée d’un coup. Et sans quille pour tenir la ligne, l’Espagne a dérivé en quelques secondes, incapable de garder le cap.
Ils avaient hissé haut les voiles pour la photo. Mais ils avaient négligé l'essentiel : ce qui ne se voit pas, mais qui fait tenir dans la tempête.
III. L'ironie du sort : prévoir n’est rien sans agir
Le plus cruel dans cette affaire, ce n’est pas l’événement lui-même. C’est qu’il était prévisible. Presque écrit d’avance.
Depuis des années, les ingénieurs du réseau avertissaient :
- Trop d’énergies intermittentes sans stabilisation. 
- Trop peu de stockage. 
- Trop peu d'inertie. 
- Trop de dépendance au "tout solaire" sans filet. 
Les signaux faibles étaient partout, visibles pour qui voulait les voir. Mais comme souvent, la politique a préféré ériger des voiles pour la galerie plutôt que de forger des quilles pour durer.
Il est plus séduisant d’inaugurer des parcs solaires que des centrales d’inertie, plus valorisant de couper des rubans que de renforcer des fondations.
Ils savaient. Ils avaient les cartes en main. Ils avaient même, parfois, les plans de la quille dans les tiroirs. Ils ont choisi d’ignorer.
Parce qu'agir réellement coûte :
- De l’argent. 
- Du temps. 
- De l’humilité. 
Et dans un monde où la façade vaut plus que la structure, renforcer ce qu'on ne voit pas n'est jamais une priorité.
Prévoir sans construire, c’est comme lire la météo et sortir sans parapluie. Ce 28 avril, l’orage est tombé. Et ceux qui fanfaronnaient la voile au vent ont été surpris de se retrouver à la dérive, en pleine mer, sans quille, sans cap, sans secours immédiat.
IV. La transition a besoin de solidité
La transition énergétique n'est pas un luxe. C’est une nécessité. Mais elle ne peut pas s’appuyer seulement sur des ambitions visibles ; elle doit reposer sur des fondations capables d’encaisser les secousses.
Hisser des voiles renouvelables est essentiel. Mais un navire, aussi beau soit-il, ne traverse pas la haute mer sans quille.
Si l’on veut construire un système capable de tenir face aux imprévus, il faudra — discrètement, patiemment — renforcer ce qui donne sa stabilité :
- Développer des solutions de stockage massif (batteries industrielles, stations de pompage, technologies hybrides). 
- Installer de l'inertie artificielle (condensateurs synchrones, volants d'inertie). 
- Renforcer les interconnexions avec le reste de l’Europe, pour absorber les chocs. 
- Faire évoluer les sources d’énergie renouvelable pour qu'elles participent activement à la stabilité du réseau. 
Ce ne sera pas spectaculaire. Ce ne sera pas vendeur. Mais c'est ce que la réalité exige.
Sans cela, chaque progrès apparent risque de masquer une fragilité croissante. Et au premier grand choc, ce sont les fondations oubliées qui décideront du sort de l'édifice.
La mer n’épargne pas les bateaux magnifiques. Elle épargne ceux qui sont solides.
Conclusion : Quand la quille casse
La panne du 28 avril n’est pas un incident isolé. C’est un rappel silencieux :
La beauté d’un navire ne suffit pas à lui faire traverser les tempêtes.
Hisser haut les voiles des énergies renouvelables est une ambition nécessaire. Mais sans quille, sans inertie, sans capacité d’encaissement, le moindre déséquilibre devient un naufrage potentiel.
La transition énergétique n’a pas besoin de vitrines. Elle a besoin d'ossature. Ce n’est pas une question d’idéologie. Ni même de volonté politique affichée.
C’est une loi mécanique, aussi vieille que la mer : un navire sans quille dérive. Et s’il persiste, il finit par sombrer.
Le 28 avril, l’Espagne a connu sa première secousse majeure. D’autres suivront, ailleurs, si l’on continue à privilégier les apparences au détriment des fondations.
Il y a ceux qui hissent les voiles pour la galerie. Et il y a ceux qui forgent la quille pour tenir en mer.
Le choix est là. Il est clair. Et il n’appartiendra bientôt plus à ceux qui hésitent.
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