Tuer la reine : une guerre de puissants, des morts ordinaires
Parce que certaines danses n’ont lieu qu’au bord du gouffre. Et que la reine, parfois, meurt debout
Note liminaire
Cet article ne cherche ni à dédouaner ni à condamner un camp. Il propose une lecture stratégique et symbolique qui dérange, car elle s'écarte des narrations simplistes et moralisantes habituelles. Il explore une vision du conflit en Ukraine souvent absente des médias occidentaux, sans pour autant justifier la guerre ni ses crimes.
Les seules vraies victimes, dans cette histoire, ce sont les peuples : les soldats enrôlés, les familles déplacées, les civils tués, les enfants brisés. Pas les stratèges en costume. Pas les chefs d'État barricadés. C'est en pensant à eux qu'il faut parfois oser dire les choses autrement.
Introduction – Quand les contes de fées se transforment en stratégie de guerre
Chez certains, on raconte des contes de fées au bord du lit. Chez nous, c’est géopolitique.
Ce soir-là, j’expliquais à mon fils comment fonctionne une ruche. Que sans la reine, tout s’effondre. Pas parce qu’elle donne des ordres, mais parce qu’elle est le cœur vivant du système. Tuez la reine, et la colonie plonge dans la panique, la confusion, le chaos… jusqu’à ce qu’une autre finisse par émerger. Si elle émerge.
Et j’ai poursuivi : c’est exactement ce qu’on cherche à faire dans une guerre. Décapiter le commandement. Fracturer l’organisation. Neutraliser le cerveau.
Il n’est pas étonnant que les chefs d’État se barricadent ou se dissimulent : ce sont les reines dans la ligne de mire.
Partie I – Une lecture interdite : la Russie comme ruche menacée
Puis je lui ai parlé de Poutine, de l’Ukraine, et de cette guerre qu’aucun média occidental n’explique de cette manière. Car admettre cette lecture-là — biologique, symbolique, stratégique — ce serait reconnaître qu’il ne s’agit pas d’un affrontement entre le Bien et le Mal, mais d’une lutte pour la survie d’un système de pouvoir.
Ce serait admettre que dans cette guerre, c’est la Russie elle-même qui se sent visée comme une ruche menacée, avec sa "reine" comme cible ultime.
Mais ce discours-là, vous ne l’entendrez jamais sur les plateaux télé. Parce qu’il casse le conte. Parce qu’il complexifie la narration. Parce qu’il oblige à penser autrement que par slogans.
L’Occident adore donner des leçons. Il bombarde au nom de la démocratie, comme on combattait lors des guerres punitives, impose des sanctions au nom des droits de l’homme, et désigne les "bons" et les "méchants" avec la prétention d’un prêtre autoproclamé. Mais il oublie — ou feint d’oublier — qu’il a colonisé, massacré, soutenu des dictatures, armé des rebelles.
Il oublie qu’il impose sa vision du monde en permanence, comme si elle était la seule légitime.
Partie II – Une trahison perçue et un sol convoitisé
Ce qu’il ne supporte pas, c’est que d’autres civilisations, d’autres systèmes, jouent à leur tour sur le même terrain. Avec leurs codes. Leurs blessures. Leurs mémoires. La Russie voit l’OTAN non comme une alliance défensive, mais comme une machine qui avance ses pions jusqu’à ses frontières. Et quand l’Ukraine — historiquement, culturellement, stratégiquement liée à la Russie — choisit ouvertement l’Occident, c’est, dans l’esprit de Moscou, une trahison.
Ce n’est pas une simple divergence diplomatique. Une rupture de pacte. Une blessure existentielle.
Alors oui, si l’on veut être honnêtes : du point de vue russe, c’est Zelensky qui a trahi. Il a tourné le dos à la sphère d’influence dont son pays faisait partie. Il a choisi de rompre pour rejoindre le camp occidental. Cela ne rend pas l’invasion acceptable. Mais cela rend la guerre compréhensible — ce qui est une nuance essentielle, que la propagande a soigneusement effacée.
Parce que comprendre, ce n’est pas excuser. C’est voir le réel. Dans toute sa complexité. Dans toute sa laideur.
Et ce que peu de médias occidentaux expliquent, c’est que Zelensky n’a pas simplement choisi l’Occident — il lui a ouvert les portes du pays. Littéralement. À travers des accords sur les minerais critiques, il a offert l’accès aux gisements de lithium, de titane, de terres rares, indispensables à l’industrie militaire et technologique américaine. Ce n’est pas seulement un choix économique. C’est une soumission stratégique.
Les États-Unis n’ont pas vu en l’Ukraine une simple alliée. Ils y ont vu un avant-poste, un verrou sur la Russie, une plateforme opérationnelle en devenir.
Le sol ukrainien n’est plus seulement exploité : il est intégré dans un schéma de domination mondiale où l’Europe sert d’intermédiaire poli, et l’Ukraine de champ de manœuvre brut.
La guerre, dans ce contexte, devient inévitable. Pas parce qu’un tyran l’a voulue. Mais parce qu’un territoire, devenu trop précieux pour rester neutre, a basculé du mauvais côté d’un échiquier où l’Occident déplace les pièces en silence.
Conclusion – Quand les reines tombent, ce sont les peuples qui paient
Et pendant ce temps, pendant que les grandes puissances s’affrontent comme des ruches en guerre, les vraies victimes sont les populations.
Russes ou Ukrainiens, ce sont eux les pions, les boucliers, les chiffres dans les bilans de fin de journée. Les uns sous les bombes, les autres sous les drapeaux. Les uns exilés, les autres enterrés. Tous otages d’un conflit dont ils ne maîtrisent ni le début, ni la fin.
Et nous, bien au chaud dans nos salons occidentaux, à parler de guerre comme d’un spectacle, à applaudir des "contre-offensives" comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo, nous oublions trop vite que sous les drones et les discours, ce sont des gens qui meurent.
Mais bon, il paraît que ce n’est pas une histoire pour les enfants…
“Parce que certaines danses n’ont lieu qu’au bord du gouffre. Et que la reine, parfois, meurt debout”
Parce que certaines danses n’ont lieu qu’au bord du gouffre. Là où les puissants avancent masqués, et où chaque pas peut être le dernier. Et que la reine, parfois, meurt debout — non pas vaincue, mais jusqu’au bout fidèle à son rôle, encerclée, mais droite.
Aparté musicale – Pourquoi cette chanson
J'ai choisi Grief, Dance to Death de Madben, Rebeka Warrior & Manu le Malin pour accompagner cet article, parce qu'elle évoque cette danse macabre entre puissants, où chaque pas est une stratégie, chaque silence une menace. Ce n’est pas une marche funèbre. C’est une chorégraphie tragique, rythmée par les deuils collectifs et les ambitions solitaires. La musique rappelle que parfois, la reine danse jusqu’à l’épuisement… avant de tomber.
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